Depuis quelques mois, différentes observations faunistiques nivernaises, parfois attestées par un cliché photographique
mais le plus souvent par simple témoignage, relèvent la présence de nouveaux animaux sauvages sur notre territoire. Par
exemple, une vidéo est apparue le 15 janvier 2024 montrant un Chamois à Roussillon en Morvan, commune limitrophe de
la Nièvre. Plusieurs témoignages rapportent aussi la présence du Lynx dans le Morvan. Pour ces observations, difficile
d’affirmer si ces animaux sont arrivés d’eux-mêmes en ces lieux (depuis la Franche-Comté ?) ou autrement…
Il y a eu beaucoup d’efforts réalisés sur les trames vertes, souvent co-financées par le monde de la chasse, tous ces
passages faunistiques enjambant les axes de communications, qui écartelaient jusqu’alors la cartographie faunistique
française. Mais certains privilégient la thèse des lâchés d’animaux de façon clandestine par des militants du retour des
grands prédateurs. Faits très difficiles à prouver, mais hautement crédibles, et dont on a déjà perçu quelques
indiscrétions. On atteste aussi de plus en plus de la présence, pour l’instant ponctuelle, du Loup dans le sud Morvan et
même ailleurs dans la Nièvre.
Que penser de ces reconquêtes par la faune sauvage ?
Au premier abord, plutôt du bien : à l’époque préhistorique, il y avait des Mouflons, des Chamois et des Loups sur tout le
territoire métropolitain. La pression humaine a repoussé les premiers dans les montagnes, séparant par exemple en
deux sous espèces Chamois et Isards (Chamois dans l’arc alpin et Isards dans les Pyrénées). Bref, c’est un retour à une
France originelle, à une biodiversité étoffée et à un patrimoine du vivant renforcé.
Quel avenir pour ces grands animaux sur le territoire Bourguignon ?
Autant le Loup s’accommodera de tout le territoire Nivernais et alentours, pays de forêts et d’élevages donc habitat et
garde-manger pour cet animal opportuniste et sachant très bien s’adapter à la présence humaine, avec les
problématiques qui vont suivre… Mais le Chamois observé dernièrement ne devrait se cantonner qu’aux pentes abruptes
de certaines zones du Haut Morvan. Cet animal affectionne plutôt le relief escarpé et accidenté, plus que la simple
altitude. Hélas, cela ne représente ici qu’une faible superficie. Ce besoin de relief est vital pour sa survie, surtout dans un
contexte de retour en force de ses prédateurs naturels.
Quelles seront les conséquences du retour de chacun de ces animaux dans nos contrées ?
Pour le lynx, sa présence discrète et peu prédatrice sur le bétail n’impactera que les populations de chevreuil, son régime
alimentaire étant un chevreuil par lynx et par semaine. On pourra s’enorgueillir de la présence de ce bel animal qui fera le
bonheur des forestiers et des producteurs de sapins de Noël, excédés par les fortes densités de chevreuils qui dévorent
les jeunes pousses. Le chamois, s’il parvient à coloniser le Haut Morvan et à s’y reproduire, ne devrait se tenir que sur
cette faible superficie. Suivant la dynamique de son développement et les impératifs forestiers, peut-être allons nous
connaitre en quelques années son arrivée au Schéma Départemental de Gestion Cynégétique ? N’oublions pas que cette
espèce, au bord de la quasi disparition durant le 20 -ème siècle, a été sauvée par les chasseurs avec les mesures de
plans de chasses quantitatifs et qualitatifs et par la lutte contre le braconnage. Le succès de leur gestion est clairement
avéré : en ce début de 21 -ème siècle, les populations d’ongulés de montagnes (Chamois, Isards, Mouflons et
Bouquetins) se portent à merveille, et justement viennent à s’étendre sur le reste du territoire. Sa régulation ne sera pas
problématique, hors des zones escarpées, cet animal est très vulnérable par les prédateurs naturels comme par
les chasseurs et leurs chiens. Et inversement lorsqu’il évolue bondissant de roches en roches et défiant la gravité sur des
pentes quasi verticales grâce à ses sabots si particuliers. Enfin, seul le Loup est un animal véritablement problématique
dans une zone d’élevage extensif comme le nôtre. Tant qu’il y aura du bétail dans les prés et l’impunité législative
criminalisant son prélèvement, le Loup se tournera vers de dociles animaux de rentes enfermés dans des prés (ou même
dans des bâtiments, il y a des antécédents récents !) plutôt que vers des proies sauvages.
Conclusion : le bestiaire nivernais revient à ce qu’il était il y a plus de 2000 ans. N’oublions pas que nos
grands-parents bondissaient à la vue d’un chevreuil. En revanche il y avait du lièvre, du lapin de garenne et de la perdrix
naturelle dans chaque commune nivernaise. La faune sauvage ne vient pas, ni ne se maintien par hasard. Elle n’est que le
résultat d’un faisceau de faits et décisions politiques. Le grand gibier et ses populations nationales en constante
croissance ne sont que le fruit de mesures légales, financières et cynégétiques de la part des chasseurs français depuis
les années 1960. L’effondrement des populations de petit gibier sédentaire de plaine est la conséquence des politiques
agricoles menées depuis l’après-guerre. On peut tracer une curieuse persistance de la part des responsables politiques
de ces trois dernières décennies, qui n’ont eu de cesse de protéger bec et ongles tous les prédateurs, du Cormoran au
Loup : curieuse analogie d’un État qui fait la part belle à toute une cohorte d’animaux sans régulation prédatant autant la
faune la plus faible que les activités humaines de rente alimentaire, et dans le même temps ne met aucune action en
œuvre concernant l’effondrement de la petite faune, des Insectes polinisateurs aux Perdrix de nos plaines, témoins
discrets d’une véritable biodiversité.
Mais le sujet est ailleurs : il n’est pas interdit de penser que le retour des grands prédateurs est programmé pour
remplacer gratuitement et « naturellement » les chasseurs, avec une forte arrière-pensée de ressentiment politique et
sociologique. Technocratie des villes contre traditions séculaires des campagnes. Volonté de nature fantasmée contre
gestion du sauvage en conciliant les réalités de terrain. Méthode d’apprentis sorcier contre maintien de la chasse comme
activité de loisir d’utilité publique pragmatique dans la conservation de la faune. Car c’est bien le monde des traditions
séculaires des campagnes qui a sauvé avec une prodigieuse lucidité précoce, le bestiaire français il y a 60 ans…
Harold BLANOT
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la migration organisé de bipèdes venus d’autres pays qui s’avère être cette fois ci des prédateurs pour les bipèdes autochtones désarmés au propre comme au figuré.
La “justice” protégeant et excusant l’agresseur et non pas la victime, faut-il se laisser égorger par ces “loups” affamés sans pouvoir se défendre et risquer de finir emprisonné et ruiné?