L’état des lieux est rapide et sans appel :

Le désert médical progresse inexorablement de la périphérie rurale vers les oasis urbaines, les rendez-vous en médecine générale demandent parfois des semaines, trouver un dentiste est un calvaire, les spécialistes sont inaccessibles dans des délais raisonnables.

Par conséquent les diagnostics sont tardifs, les chances de guérison réduites et les traitements sont plus lourds.

Quant aux urgences hospitalières, inutile de s’appesantir sur ce sujet calamiteux.

Voilà le résultat de dizaines d’années de gestion étriquée, sans vision du secteur de la Santé.

Venons-en aux causes :

Deux sont connues et répétées à l’envie car paraissant évidentes :

  • le « manque de moyens »,
  • le numerus clausus inadapté et trop restreint.

Je prétends que ces deux diagnostics sont en partie erronés même s’ils sont commodes :

  •  Le manque de moyens financiers se heurte à la réalité des chiffres : aucun pays au monde d’après l’OCDE n’a des dépenses sanitaires et sociales aussi fortes que la France. Le système de santé Français est le plus cher du monde. Encore plus de « moyens » dans ce tonneau des Danaïdes ?
  •  Pour ce qui est du numerus clausus, il serait en effet rassurant de penser, en bon comptable, que son augmentation réglera le problème. Nous voyons déjà qu’il n’en est rien, les bataillons nouvellement formés n’abondent pas les secteurs déficitaires de médecine et des secteurs entiers comme la pharmacie voient apparaître une véritable crise de vocation.

L’Etat pare au plus pressé en pillant sans vergogne les pays pauvres de leur personnel médical, ce qui ne manque pas de sel venant d’un pays donnant des leçons de solidarité et d’humanisme au Monde entier.

Il faut voir les choses en face : tout un pan du secteur n’est plus attractif.

Je veux ici mettre en lumière trois causes que vous ne verrez que très rarement évoquées.

  •  La première est la mainmise des pouvoirs publics sur la médecine libérale et son corollaire funeste : la bureaucratisation. S’en suit moindre efficacité, paralysie, démotivation. A cet égard le dramatique épisode Covid est édifiant avec des médecins interdit par les ARS de soigner les malades.
  • La deuxième est la dégradation importante des conditions de travail dans les services hospitaliers et les cliniques, sinistrés eux aussi par une Administration envahissante et incapacitante.
  • La Troisième et non la moindre est un changement profond d’état d’esprit de la population vis à vis de la place du travail. Le travail est dévalué en tant que valeur cardinale, ne paie guère finalement avec une logique redistributrice devenue folle : c’est la « Grande Démission ». Pourquoi voulez-vous qu’elle épargne le monde de la Santé ? La Société des Loisirs finissent de tuer les sacerdoces, même bien payés (ou ayants cette réputation).

Si la dernière cause est difficile à traiter tant elle nécessiterait une réflexion globale qui a peu de chances d’être menée, les pouvoirs publics essaient de traiter les deux autres avec une digitalisation à marche forcée qui hélas renforce encore le caractère bureaucratique du système (Segur Numérique de la Santé).

Le risque avec ce « Machin », pour paraphraser un grand Homme est de perdre prématurément les vieux grognards résistants encore, ce qui vous l’avouerez serait bien contre-productif.

Le regard que je porte est je pense partagé par d’autres.  Je ne prétends pas être original.

Mais combien de fois vous a-t-on exposé ces simples faits ?

Il faudra du pragmatisme, du courage et une vision globale pour sauver le service de santé des Français.

C’est peut-être là que le bât blesse, qui en sera capable ?

Wotan

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