Une étude de l’Institut pour la justice a été dernièrement publiée par le Journal du Dimanche (édition du 3 novembre 2024), démontrant qu’on est mieux soigné en prison qu’en France rurale.

Bien sur, les détenus ont souvent des pathologies particulières qui nécessitent des soins, mais reconnaissons que dans nos campagnes ils ne sont pas les seuls : l’alcool et les drogues sont des fléaux chez certains, entrainant aussi leur cortège de problèmes psy et comportements à risques, d’autre part la population est agée : 30.2% des nivernais a plus de 65 ans (chiffres 2020).

Cette enquête souligne une injustice énorme entre les soins auxquels ont accès les détenus et la population rurale, la Nièvre étant un département particulièrement touché par la défaillance de l’offre médicale.

Première injustice : les détenus ne payent pas le ticket modérateur, c’est-à-dire la partie de la consultation médicale non prise en charge par la sécurité sociale. Pour l’honnête citoyen nivernais, il en coûtera au minimum 8 € par consultation.

Deuxième injustice : le forfait journalier en cas d’hospitalisation est pris en charge par l’administration pénitentiaire, y compris pour les condamnés non incarcérés. Lorsque l’on sait que les peines de prison ferme d’une durée de moins d’un an sont quasiment toujours aménagées par le juge d’application des peines, ça représente du monde.

Troisième injustice : tous les détenus sont affiliés au régime général de la sécurité sociale, y compris les clandestins qui obtiennent donc un numéro de sécurité sociale et rentrent ainsi dans le système de régularisation. La prison facilite leur régularisation, ce qui pourrait les inciter à commettre des crimes ou délits : nous marchons sur la tête !

Quatrième injustice : il y a deux fois plus de médecins, trois fois plus de dentistes, cinq fois plus de psychologues et jusqu’à 25 fois plus d’infirmiers dans les prisons que dans les campagnes. Rappelons que dans la Nièvre n’exercent que 68 médecins pour 100.000 habitants (la moyenne est de 121 pour 100 000 en France), qu’il n’y a plus de dermatologue, qu’il reste un seul rhumatologue, un allergologue. 20% des patients n’ont pas de médecin traitant.

Cinquième injustice, les soins médicaux coûtent en moyenne 5000 € par détenu à la collectivité, même lorsque le détenu est un riche trafiquant de drogue.

Rappelons que la Nièvre, territoire de 200 000 habitants se trouve de plus en plus souvent en situation critique de fermeture des urgences, que ce soit à l’hôpital de Decize ( 24 fermetures depuis le mois de mars) ou de Nevers qui tourne avec 6 médecins urgentistes alors qu’il en faudrait 27 : les nivernais sont traités en sous-citoyens, subissant les fermetures de lits en hôpital, les disparitions des maternités.

Les honnêtes Nivernais sont les oubliés d’un système de santé pourtant très performant avec ceux qui ont violé la loi.

Pascal LEPETIT

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