Depuis quelques années, la population européenne de loups explose.

En France, il s’étend surtout depuis l’arc Alpin, pour apparaitre régulièrement dans les quatre coins de l’hexagone. On peut dire que ce retour à priori naturel est soutenu par un camp protéiforme composé « d’environnementalistes » et de beaucoup d’influenceurs médiatiques, menant visiblement un travail d’influence global (médiatique, culturel, éducatif etc…) pour appuyer cette nouveauté. Mais ce retour n’est pas si simple : de nombreux poncifs annoncés au départ se trouvent erronés et la cohabitation avec les activités humaines et même sauvages ne sont pas aussi faciles qu’on l’imaginait.

Premier poncif : « le loup se nourrit surtout de mammifères en forêt (chevreuils, rongeurs, etc…) »

Ainsi, beaucoup espéraient que le loup restaure le fameux équilibre agro-sylvo-cynégétique, en décimant les cervidés pour le plus grand plaisir des forestiers, et régulant les sangliers pour celui des agriculteurs. Mais la réalité est beaucoup plus simple : tant qu’il y a du bétail dans des prés, le loup préfère se servir dans ce garde-manger à ciel ouvert avant de risquer un mauvais coup face à un sanglier ou courser un chevreuil. La Nièvre est un exemple typique : on peut raisonnablement présumer que le loup est régulièrement présent dans le département, bien que pas encore durablement implanté, manifestant son passage par quelques attaques sur du bétail relatées par la presse locale. C’est un département idéal : faible densité de population humaine, polyculture, important cheptel bovin et ovin, vastes zones boisées, dont un petit massif montagneux (le Morvan).

Jusqu’à maintenant, aucun changement faunistique n’est à déplorer, mais plusieurs dizaines d’animaux de rente ont déjà été prédaté avec certitude par le loup.

Second poncif : « le loup a peur de l’homme ».

Du fait de son statut d’espèce protégée, le loup n’est pas chassé, hormis quelques récentes rares exceptions (tirs de défense autorisés au compte-gouttes selon les localités). Et son comportement très opportunistes, doublé de fortes facultés d’adaptation et d’analyse, font qu’il a déjoué tous les pronostics : le loup attaque les troupeaux même en présence des bergers et de tout un arsenal de protections (chien de défense, clôtures électriques), il attaque des animaux de compagnie en s’aventurant au plus près des habitations. Il n’est plus rare depuis quelques mois de voir des images ou des vidéos repérant le loup dans des bourgs. Et surtout, pour ses déplacements, il emprunte régulièrement les axes de communications humains. Depuis la fin de 2022, de nombreux fait-divers ou témoignage recensent des situations de contact dangereux entre le loup et l’homme. Cela s’explique pour deux principales raisons :

– Le loup n’étant pas chassé et surprotégé (abattre un loup expose son auteur à de lourdes sanctions), tout en étant aussi très furtif, insaisissable et analysant chaque situation, il a très vite compris qu’il n’avait pas grand-chose à craindre de l’homme. Donc il est en totale confiance et s’autorise de plus en plus d’audace.

– Le nombre de loup en France, malgré différentes polémiques générant un débat, reste élevé et surtout exponentiellement croissant. Le nombre faisant la force, et demandant aussi de plus en plus de surface nécessaire aux meutes, justement dans un territoire de plus en plus humanisé, multipliera logiquement les occasions de contact avec les humains.

Troisième poncif : « le loup est utile à la biodiversité ».

Hormis que le loup ne prédate pas beaucoup d’animaux sauvages diplomatiquement nommés “Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts” (ESOD), on peut déjà noter qu’il a quasiment décimé les populations de mouflons, puis fortement impacté les populations de chamois et de bouquetins, soit des ongulés de montagnes quasiment disparus au cours du XXème siècle dont on doit intégralement le retour et la flagrante réussite de gestion aux chasseurs. Deux décennies de retour du loup ont déjà menacé cet équilibre et ce retour de la grande faune de montagne. Enfin, le retour du loup réduira les activités pastorales et donc modifiera durablement les paysages et les écosystèmes de nos montagnes.

Quatrième poncif : « le loup développera le tourisme ».

Inutile de dire que cet argument militant est farfelu, le loup étant très discret, le risque d’observation touristique est faible. En revanche, il serait plutôt un problème pour le tourisme, pour une raison indirecte : les chiens de défenses des troupeaux, les fameux patous, qui génèrent chaque année une centaine d’accidents… inutile de dire que la Nièvre et notamment le Morvan, zone touristique majeure et de sports de plein air, n’a pas besoin d’émailler sa campagne de molosses agressifs.

Pour conclure, il est possible que certains agriculteurs et forestiers nivernais n’aient pas d’opposition au retour du loup, mais dans ce département de grande tradition de vénerie et de chasse, une simple concertation fédérale suffirait à optimiser une bonne gestion de la faune sans jouer les apprentis sorciers d’une nature fantasmée. Ou alors, le retour du loup déstabilise durablement la filière agricole nivernaise, déjà dans une conjoncture difficile, accélérant l’arrivée d’un autre problème : la déprise agricole et l’abandon des terres agricoles. Donc que deviendront ces pâtures ? Des friches, des reboisements artificiels comme l’enrésinement de l’après-guerre ?

N’oublions pas que si on fait de l’élevage, c’est bien parce que la culture céréalière sur ces terres est difficile, ou même inenvisageable. Et ensuite que deviendra la Nièvre ? Une friche sanctuarisée pour que quelques bons esprits éloignés des réalités terriennes se réjouissent intellectuellement de l’idée d’un bond en arrière vers la Nièvre du néolithique ?

Soutenir le loup, c’est vouloir la mise à mort de l’élevage en plein air, des paysages de France et de notre art de vivre en général. En poussant le raisonnement, les plus ardents défenseurs du loup ne chercheraient-ils pas une société sans éleveurs, sans viande ? Ou une industrie de la viande industrielle, pourquoi pas de synthèse ou de substitution ?  Y a-t-il une arrière-pensée sur le devenir de tout ce patrimoine foncier, presque exclusivement privé, enraciné à ses travailleurs, soudainement dévalorisé, entrainant la ruine des propriétaires ?

Soutenir le loup, c’est valider des visions étriquées, erronées et utopiques de différents pans de la ruralité.

Soutenir le loup, c’est le symbole de notre époque : être faible avec les forts, fort avec les faibles.

Alors maintenant qu’il est là, il serait temps d’en autoriser son prélèvement par de tirs de défense de la part des éleveurs ou par prélèvement régulier sans contrepartie financière par les chasseurs, afin de réduire l’effectif et la dynamique démographique, puis restaurer un comportement de l’animal conciliable avec les enjeux actuels.

Le loup, animal réellement intelligent, comprendra vite ce revirement de situation.

Harold Blanot

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