Le bénévolat n’est plus à la mode, ce qui a pour effet de compromettre le fonctionnement des animations culturelles ou sportives dans nos villages ; il est impossible de réaliser un évènement si l’on ne dispose pas d’une petite armée de personnages de bonne volonté, prêts à donner de leur temps, gratuitement, pour le plaisir de tous.

Dimanche 7 juillet à Saint-Honoré-les-Bains, s’est tenu le salon du livre dans sa 9e édition. Deux figures organisent ce salon chaque année : le Président de l’association Saint-Ho promo-développement Alain Lemerle, et Michel Demonteix, Saint-Honoréen d’origine, dont le carnet d’adresse parisien dans le milieu du cinéma et de la culture en général, est long comme un roman de Marcel Proust.

Autour d’eux s’anime une sacrée équipe de bénévoles qui assurent la promotion, l’organisation, la logistique, l’accueil, la gestion à chaud, les échanges y compris sur place, le tout avec gentillesse et sourire.

Ce salon accueille des auteurs édités par des maisons à compte d’éditeur (le gratin), à compte d’auteur (il en faut aussi) et en auto-édition (il y en a de plus en plus) : au final 62 auteurs cette année qui cohabitent, échangent et partagent leur expérience, pour un salon qui reçoit plus de 600 visiteurs en une journée. J’y étais, en auto-édition, avec mes deux livres, d’autant plus heureux d’être là que c’est justement ce salon du livre qui m’a donné envie d’écrire il y a de celà deux ans.

Je me retrouve propulsé il y a plus de 40 ans en arrière, lorsque j’étais violoniste au conservatoire de musique de Savigny-sur-Orge, créé et dirigé d’une main de maître par Madame Richy. Elle n’aimait pas les communistes, et se tenait à l’écart du maire de l’époque qui l’était, y compris en refusant les subventions municipales : le conservatoire n’est devenu municipal qu’en 1983, lorsque le candidat communiste a été battu par un candidat RPR. Mais sans attendre cette date, nous partions déjà en stage musical au mois de juillet chaque année, en Bretagne, en Corrèze ou en Mayenne, pour 3 semaines. De stagiaire, je suis devenu aide-moniteur, puis moniteur, tout en étant violoniste. On clôturait le séjour par un concert sur place dans l’église du village. À la rentrée en septembre, ce même concert était renouvelé à Savigny-sur-Orge, avec un fabuleux buffet campagnard en guise d’entracte. Nos mères rivalisaient de talent pour réaliser la meilleure tarte aux pommes, chaque famille fournissait de quoi manger et boire, je me souviens qu’en deuxième partie il y avait des couacs. Lors d’un trio pour deux violons et piano, mon acolyte a commencé à jouer sans prévenir, le pianiste et moi avons dû le rattraper dans l’hilarité générale. Alors bien sûr, rien n’était règlementé comme aujourd’hui, on pouvait s’offrir de magnifiques tranches de vie dans une insouciance et une euphorie qui ont disparu aujourd’hui…sauf au salon du livre de Saint-Honoré-les-Bains où l’on retrouve tous ces éléments poétiques : il y a un bar et des personnes bénévoles pour le tenir, il y a les discours du Président de l’association et du Maire, il y a les sponsors, les radios locales qui accordent quelques interviews, il y a le passage des organisateurs qui viennent tailler la bavette avec les auteurs pour s’assurer que tout se passe bien, il y a des écrivains têtes d’affiche qui semblent heureux de respirer à la campagne, une campagne chic, dans un village thermal qui retrouve le temps d’un dimanche sa splendeur et sa joie de vivre grâce à l’effort de tous.

Monsieur Richy était un ancien militaire, il aimait le son du clairon au milieu des violons : inspirons nous de lui pour réentendre ces musiques et retrouver l’esprit « fêtes patronales » pour réanimer nos villages : encore merci à tous les bénévoles.

Pascal LEPETIT

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