Vu le dimanche 07 janvier 2024 au cinéma de Saulieu, le film manifestement attendu « Chasse Gardée », car il a fallu s’y prendre à deux reprises pour avoir une place dans cette salle morvandelle de 150 sièges.

Ce film sans prétention, percute curieusement selon les cinéphiles autorisés, les 800 000 places en moins de deux semaines. Il y a fort à parier que ce score honorable, devrait se réaliser en province, et même dans les petites salles de campagne comme je le décris ici.

Soyons clair : le film n’est pas vraiment mirobolant.

C’est même très moyen, servi par un humour globalement assez niais et par un scenario aussi léger que convenu bien que ni pro ni anti-chasse. Quant aux acteurs, Didier Bourdon et Thierry Lhermitte sauvent littéralement le film par leur simple présence et quelques bons passages. Les deux acteurs principaux incarnant le jeune couple de parisiens en exode à la campagne, forment un tandem assez poussif malgré quelques scènes agréables (spoiler alerte : entrainez vous au Ball-trap !). 

Cependant, pour sa seconde diffusion à Saulieu, la salle était comble et le public riait, parfois de façon disparate mais quand même. Cette affluence s’explique par le fort capital sympathie envers les acteurs principaux, principalement pour Didier Bourdon, ancien membre du célèbre trio des Inconnus auxquels nous devons le fameux sketch sur les chasseurs (la galinette cendrée).

Ce fameux sketch, très acide envers le monde de la chasse mais incroyablement drôle, au point d’être devenu culte autant pour les chasseurs que pour ses détracteurs ou que pour l’immense majorité de la population sans avis sur la chasse. Il contient en quelques minutes, plus de finesse, d’intelligence et de génie comique que ce long métrage lourdingue mais doux avec tout le monde. Visiblement, on a voulu vérifier l’adage « c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes ». Dans ce cas, la nouvelle version est à l’image de son époque : beaucoup plus fade que celle d’avant. 

Notons enfin que le thème de la chasse déplace les foules dans nos campagnes. Pour cette petite salle de ce cinéma associatif de Saulieu, un des derniers succès de ce type était l’École Buissonnière de Nicolas Vannier. Cette recette magique, composée de quelques acteurs français de renom avec la thématique de la chasse, filmée dans nos belles campagnes de France génèrent une forte dimension affective qui se traduit par une sortie trisannuelle au cinéma pour bon nombre de nos concitoyens.

Soit l’inverse de ce que l’industrie du cinéma gaucho moralisatrice nous offre (10€ la place) pour des navets subventionnés à perte, pouvant être diffusés dans une cabine d’ascenseur.

Harold BLANOT

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