Le crédit d’impôt recherche (CIR) a quarante ans d’existence et les polémiques n‘ont jamais cessé. Le principe est de permettre aux entreprises d’obtenir une baisse d’impôt égale à 30 % de leurs dépenses de recherche, dans la limite de 100 millions d’euros, puis 5 % au-delà.
Les 7 milliards que coûte le CIR chaque année ont-ils un effet délétère pour les PME au bénéfice des grandes sociétés ? Beaucoup disent oui. Et de plus cette dépense de l’Etat est-elle aujourd’hui disproportionnée vis-à-vis de la situation actuelle de notre tissu industriel ? Certains disent oui encore.
Quand on note que des sociétés comme Total Energies et BNP Paribas sont parmi les plus grands consommateurs de cette manne, il y a lieu de s’interroger en quoi consiste réellement l’action de recherche et développement. Pour la première c’est rechercher de nouveaux gisements et mettre au point par exemple de nouveaux systèmes d’extractions et de transports. Pensez-vous qu’une entreprise comme Total Energies attendrait des crédits d’impôts pour jouer son rôle ? Bien évidemment non ! Quant à la banque BNP Paribas, il faudrait tout de même nous expliquer en quoi consiste ses activités de recherche ? A-t elle à produire quoi que ce soit ? La réponse devrait être non à moins que nous ne comprenions rien au métier d’une banque.
De toute évidence, il y a donc dans ce CIR un pur effet d’aubaine ce qui ne favorise aucunement la sauvegarde et ou le développement de notre génie industriel car la recherche et développement, c’est trouver de nouvelles technologies, produire de nouveaux équipements etc…mais sans oublier que l’innovation devra rencontrer son marché, c’est-à-dire soit à la fois performante et compétitive par rapport à la concurrence.
Année après année, pendant 40 ans, l’Etat « stratège » a déversé des milliards à des entreprises qui n’en avaient pas réellement besoin tout en ne donnant toujours pas les aides nécessaires aux innombrables petites entreprises pour accéder à leur marché et le pérenniser.
Alors on vous répondra que ces sommes conséquentes ont permis aux centres et labos de recherche de ces grands groupes de ne pas être délocalisés. Quant on regarde ce qui est arrivé à notre ancien fleuron de l’électronique des années 70-80, j’ai nommé ALCATEL, on peut dire sans risque de trop se tromper, que c’est bel et bien une foutaise. Et pour finir ce funeste constat, je dois vous préciser qu’il ne suffit pas de créer un nouveau produit, encore faut-il savoir de quoi il est constitué, cela s’appelle une nomenclature. Si la plupart des sous-ensembles, ingrédients et composants sont fabriqués à l’étranger, vous comprenez que votre action de recherche et développement n’a aucunement conduit à consolider notre industrie car de plus apprenez-le si besoin, ce produit sera confié majoritairement à un sous-traitant low cost en zone Maghreb, Europe de l’Est ou Asie.
Comme d’habitude, une technocratie hors-sol décide, une aristocratie industrielle en dispose et le cœur du tissu industriel de la France se désespère année après année. Et tout au long de ces décennies, les politiques ont lancé et lancent encore des plans de réindustrialisation à tout-va comme le marchand de sable dans « Bonne nuit les petits »
Frédéric FAILLET